Objetivo: la Luna (1953) - página 12
Le Professeur Tournesol invite Tintin et le Capitaine Haddock à le rejoindre en Syldavie où il travaille sur le plus grand projet du siècle : l'envoi d'une fusée sur la Lune. Le défi s'annonce palpitant, d'autant plus qu'au grand effarement du Capitaine, le Professeur leur suggère d'être du voyage !
L'origine du fameux damier rouge et blanc, elle est en liaison directe avec une pratique établie par les ingénieurs de la NASA. Lors d'un tir, ce procédé leur permettait d'observer les basculements de la fusée par rapport à l'axe de la trajectoire et son roulis durant la phase critique du décollage. Tournesol est bien décidé à construire une fusée qui emmènera les premiers êtres humains sur la Lune. Et quels seront ses compagnons de voyage ? Tintin, Haddock et Milou, bien entendu!
À peine remis de leurs aventures au Moyen-Orient (Tintin au pays de l'or noir), Tintin, Haddock et Milou sont appelés à Klow (capitale de la Syldavie) par le professeur Tournesol. De mystérieuses recherches sont menées en une zone interdite - plus précisément : le Centre de Recherches Atomiques de Sbrodj. Le sol de cette région reculée contient de riches gisements d'uranium, matériau indispensable à la fabrication d'une fusée à propulsion atomique. Le but du gouvernement syldave et des chercheurs autour de Tournesol n'est pas de fabriquer des bombes, mais d'étudier toutes les applications pacifiques de l'énergie atomique.
On comprend pourquoi ces études intéressent des gens mal intentionnés, à la solde d'une puissance étrangère... Mais Tournesol n'en a cure : il est bien décidé à construire une fusée qui emmènera les premiers êtres humains sur la Lune. Et quels seront ses compagnons de voyage ? Tintin, Haddock et Milou, bien entendu !
Selon Bernard Heuvelmans, un des conseillers scientifiques d'Hergé, le projet d'une aventure lunaire remonterait à 1946. Selon Bernard Heuvelmans, un des conseillers scientifiques d'Hergé, le projet d'une aventure lunaire remonterait à 1946. Après la deuxième guerre, le rêve que l'homme puisse s'évader de sa planète natale devient tout doucement le fruit de longs travaux scientifiques qui ouvraient des boulevards à l'imagination d'un créateur comme Hergé ! C'est donc l'actualité du moment qui a de nouveau influencé le choix d'Hergé d'envoyer son héros dans l'espace.
Il commença à se documenter. C'est ainsi qu'il consulta L'Homme parmi les Étoiles, rédigé par Bernard Heuvelmans. Un autre livre l'avait aussi profondément impressionné : L'Astronautique, du professeur français, Alexandre Ananoff, paru en 1950. Ce dernier l'assistera pour la conception de la célébrissime fusée lunaire. Ce dernier l'assistera pour la conception de la célébrissime fusée lunaire.
Bernard Heuvelmans proposa un scénario, écrit en compagnie de Jacques Van Melkebeke, rédacteur en chef des premiers numéros du journal Tintin. Il existe une planche, réalisée à partir du scénario Heuvelmans-Van Melkebeke. Elle fait démarrer la nouvelle aventure de Tintin en Amérique. Hergé n'y donna pas suite. Il retint cependant quelques idées que les spécialistes retrouveront dans la version finale de l'aventure lunaire. Le 30 mars 1950 démarre l'aventure lunaire dans le Journal Tintin !
Le Journal Tintin commence la publication des aventures lunaires sous le titre On a marché sur la Lune. Il s'agit d'un récit en 134 pages, qui seront structurées en 2 albums de 62 pages, Objectif Lune (1953) et On a marché sur la Lune (1954). Les lecteurs de Tintin n'ont jamais vu le titre Objectif Lune dans leur journal mais ils ont eu droit à des inédits puisque certaines cases ou certaines planches ont dû être sacrifiées par Hergé pour ne pas dépasser le format des 62 pages exigées pour la publication de l'album. Plusieurs vignettes et plus de 6 pages sont passées à la trappe.
Le format de publication dans le journal se devait d'être aussi très différent de celui retenu pour les albums. Comme cela avait été le cas pour Le Temple du Soleil, l'aventure sur la Lune avait été prévue pour une publication sur les deux-tiers supérieurs d'une double page de magazine, le reste étant occupé par des textes explicatifs, une documentation concernant la conquête spatiale. Finalement, cette option ne fut pas retenue et les lecteurs du journal découvrirent l'aventure lunaire dans une présentation des plus classiques.
Deux couvertures du Journal Tintin (exposées au Musée Hergé) trahissent les hésitations d'Hergé et le stress de la création. Elles présentent des scènes tout à fait farfelues, qui n'ont rien à voir avec la version finale d'On a marché sur la Lune. L'une d'entre elles fait irrésistiblement penser au film de Georges Méliès, Le Voyage dans la Lune (1903), considéré comme l'ancêtre des films à effets spéciaux.
Tant dans le roman de Jules Verne que dans les films de Méliès et de Fritz Lang (La Femme sur la Lune, 1928), l'engin capable de transporter des êtres humains vers la Lune était assimilé à un obus. L'ambition d'Hergé était de se référer au nec plus ultra des vaisseaux spatiaux.
C'est vers les modèles dessinés (et en particulier la triste célèbre V2) par le plus grand expert mondial des fusées de l'époque, le docteur Wernher von Braun que se tourne le dessinateur. La X-FLR6 (le premier prototype imaginé par le professeur Tournesol) est lui aussi inspiré d'un modèle de missile conçu par le savant allemand.
Quant à l'origine du fameux damier rouge et blanc, elle est en liaison directe avec une pratique établie par les ingénieurs de la NASA. Lors d'un tir, ce procédé leur permettait d'observer les basculements de la fusée par rapport à l'axe de la trajectoire et son roulis durant la phase critique du décollage.
Le lecteur attentif et collectionneur de plusieurs éditions pourra remarquer la nuance des tons de la fusée lunaire au fil des éditions. Ainsi, la fusée lunaire, qui d'un rouge orangé plutôt falot, passera ensuite à une teinte beaucoup plus appuyée : une couleur flamboyante pour une aventure pleine de panache !
On a marché sur la Lune est la première production à part entière des Studios Hergé, fondés le 6 avril 1950. Hergé s'était déjà adjoint des collaborateurs, notamment pour la mise en couleur des histoires originellement publiées en noir et blanc. Edgar-Pierre Jacobs l'avait aussi aidé à retravailler les décors de certaines aventures de Tintin (Le Sceptre d'Ottokar, Les 7 Boules de cristal, Le Temple du Soleil - dont les crayonnés et études sont exposés au Musée Hergé). Cette fois, les « Studios Hergé » vont fonctionner de manière permanente.
Un des premiers employés des Studios est l'Anversois Bob De Moor (1925-1992). Sa première réalisation est l'illustration pleine page découvrant la fusée lunaire. Il ne lui a pas fallu moins d'un mois pour venir à bout de ce véritable piège à perspective et lignes de fuite ! Il y avait eu aussi, au début des années 1930, un « Atelier Hergé », dont les activités étaient tournées principalement vers la publicité.
Avec l'aventure lunaire, Hergé est pris de ce que certains ont appelé «le vertige documentaire».
La couverture de l'album Objectif Lune est devenue un classique de l'efficacité graphique. Le futur lecteur de l'aventure est littéralement entraîné au cœur de l'image. Un peu comme s'il était installé dans la Jeep CJ 2a, datant de 1946 et repeinte en bleu !
En plus, on se trouve plongé en plein cœur de l'action : pris d'une solide colère, Tournesol fait faire le tour du propriétaire à un capitaine Haddock, plus ronchonneur que jamais. Un moyen humoristique, inventé par Hergé, pour intégrer les éléments pédagogiques, souvent ennuyeux, dans un récit qui ne manque pas de rebondissements.
Cela dit : ne montez pas dans la Jeep... Il lui manque un volant ! Si les caractéristiques et proportions de ce véhicule étaient respectées, un arc de cercle devrait apparaître entre la main de Tournesol et le scaphandre du capitaine. Oubli ? Distraction ? En tout cas, personne n'a relevé ce détail... sauf des lecteurs fouineurs !
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